Collection RUSSIE ORTHODOXE | ORTHODOX RUSSIA Collection

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UNE BRÈVE INTRODUCTION À CES COLLECTIONS


Déjà en 68, je rêvais dans ma vie d'adolescent de visiter la Russie. Les bons pères, dans mon collège classique de la Gatineau, l'appelaient encore après cinquante ans de communisme, «Sainte Russie»; tout en prenant bien soin de nous mettre en garde sur le terrible «démon rouge» qui y régnait. Quoi de plus normal alors pour un étudiant en art classique comme moi, de vouloir à tout pris y mettre les pieds. Il me fallut attendre plus de trente ans pour mettre ce rêve à exécution et quand enfin j'y fus, le diable en question avait été chassé. Mais, cette «Sainte Russie» demeura telle qu'il me fallait la connaître, mystérieuse et surtout orthodoxe, non seulement dans le sens religieux mais aussi mais aussi dans le sens laïc de ses traditions millénaires.

Ainsi, à travers mes pérégrinations russes, j'ai visité Moscou, Saint-Pétersbourg et une foule de villes et villages entre les deux; parmi celles-ci bien entendu, les plus anciennes et les plus saintes, Novgorod, Vladimir, Bogolioubovo, Souzdal en passant par Serguiev Possad où se trouve un monastère unique, chef lieu de l'Église orthodoxe de Russie, la laure de la Trinité-Saint-Serge.

Je reviens donc de mes voyages, la tête pleine de beautés gravées sur des milliers de photos, dont une infime partie se retrouve dans cet album. Elles expriment, toute mon admiration pour ce peuple, sa religion, son histoire et son art. Je retiens une nation riche et admirable de culture et d'une simplicité déconcertante; je retiens des gens un peu bourrus, mais oh combien droits et honnêtes et surtout fortement attachés aux traditions et aux lois humanistes qui survécurent à des siècles de guerres, d'oppression et de cataclysmes. Ainsi, malgré les chevaliers Porte-Glaive de l'Ordre Teutonique, les hordes barbares et envahissantes de Gengis Khan, malgré la soif d'empire de Napoléon et d'Hitler, ou même, malgré celle de ses propres dictateurs, le peuple russe réussit le pari de conserver son identité propre «slave» et à la faire rayonner sur un territoire aussi vaste que l'Amérique du Nord et peuplé de plus d'une centaine de nationalités différentes.

Tout le monde s'entend sur la ferveur religieuse de ce peuple; ferveur largement démontré par son attachement à ses traditions orthodoxes vieilles de plus de mille ans que ni les envahisseurs, ni ses propres dirigeants communistes n'ont pu extirper. Nous la retrouvons partout et elle semble même en forte croissance, contrairement à bien des pays occidentaux; partout nous la reconnaissons facilement dans les restaurations d'églises, le nombre croissant de visiteurs aux lieux saints et jusque dans les cimetières qui sont pour eux un endroit tout spécial pour conserver le respect et la mémoire des ancêtres.

Est-ce cette même ferveur qui alimente chez eux un attachement et à la fois un certain laisser-aller envers la nature qui est omniprésente et souvent totalement laissé en liberté; ce qui donne aux jardins des maisons, des datchas et aux rues des petites villes, un certain air de négligé. Je croyais, bien innocemment, que cet abandon aux libres caprices de la nature, était du à un manque de gestion du bien publique, à un certain désintéressement, mais en fait il m'en a fallut du temps pour admettre que tout ceci n'est en fait qu'une une délicate et très ancienne forme de respect envers elle. Car respecter la nature, c'est aussi respecter l'homme.

J'ai mis trois voyages et des années d'écriture pour comprendre ce trait fondamental du peuple «russe» qu'est leur attachement sans réserve aux valeurs créatrices, soient-elles de l'âme ou de l'esprit. Il est clair pour eux que le symbole de réussite, ce que vous êtes face aux autres, ce sur quoi l'on vous juge, c'est surtout ce que vous faites; on ne vous estime pas tellement pour ce que vous possédez, puisque toute richesse, autre que celle de l'état ou de l'église, est à priori suspecte; en fait, vous obtenez le respect pour ce que vous créez, pour ce que vous ajoutez à l'effort commun. Nous sommes ici très loin de la valeur dominante du capitalisme occidental. Cet aspect assez fort chez eux est sans doute né d'avoir eu pendant plus de mille ans, à défendre terres, croyances et valeurs envers et contre tous. Il faut être fort de caractère pour vivre et grandir dans ces conditions; il faut surtout avoir une confiance inébranlable dans la force du groupe et avoir une certaine croyance au destin inéluctable. Les grands faits historiques d'ailleurs, le confirment assez bien; c'est la participation du nombre assujetti à des valeurs sûres et non les possessions de quelques-uns qui leur a permit de traverser tant de difficultés et d'en sortir gagnants.

En comprenant ce que j'apporte dans ce livre, les lecteurs verront d'un tout autre œil les œuvres littéraires d'un Dostoïevski, Pasternak, Gogol ou Boulgakov ou les pièces magistrales de bronze d'un Pototsky ou d'un Tsereteli. Alors, suivez-moi dans mes pérégrinations à travers cette Russie orthodoxe qui vous charmera.

André Bériault, photographe et auteur

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  • Format: 12" x 12"
  • Pages: 252
  • Photos: 300
  • Papier: Glaçé


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A BRIEF INTRODUCTION TO THESE COLLECTIONS


In 1968, very early in my teenager years, I dreamed of visiting Russia. In those days, very few people advocated visiting the birthplace of communism and the land of the comrades. These words, especially in the eyes of the religious educators of my college in the Gatineau, were considered taboo. And yet, after more than fifty years of Soviet domination, the very same fathers were still calling it "Holy Russia"; probably in memory of its Christian Orthodox past that survived the soviets. Having a very open mind for having been dragged worldwide by my parents at a very tender age, I persisted in visiting and learning more about the famous "determined" country and the "red demon" that ruled it with such an iron hand. But when I did set foot in Russia, the "red demon" had already been chased away and little was left of the vision that should have changed the world. But Russian people are strong, and even more, they are very stubborn; so beyond wars and politics, they managed to protect their heritage, the memories of their illustrious Russian Empire past, and their over flowing Orthodox Christian beliefs and traditions. Much was to be studied and photographed there; several visits would not be enough for sure!

Through my Russian peregrinations I have thus brought back my own views on Moscow, Saint Petersburg and several unique cities in between. Cities that history books tie to the foundation of Russia, its growth to an immense empire, and its religious and military defences against ever-present invaders taunting her borders for well over a thousand years. To name just a few cities that marked history: the most ancient and holy Novgorod, the Golden Ring cities of Vladimir, Suzdal, Yaroslavl, and above all, Sergeyev Posad, where is located one of Orthodox Russia's oldest and holiest monasteries, The Trinity Lavra of Saint Sergius.

So here I am in front of this book with several thousand photographs and a head full of ideas, of which only a very small percentage will find its way on these pages to inspire you as a first contact. Every single image displays my admiration for the Russian people, their religious fervour, their history and their art. I cherish this nation, so rich with culture and historical achievements, yet displaying such a disconcerting simplicity in manners. They are honest and true people, strongly attached to their humanist values, which survived centuries of wars, oppressions and cataclysms, notwithstanding centuries of Tatar, Polish, Swedish and other outsider invasions. Thus they have endured, in spite of the religious order of the Teutonic Knights, or the barbarian Hordes of Genghis Khan, in spite of Napoleon's or even Hitler's insatiable thirst for an empire spanning across Europe and Asia, or even, in spite of their own tsars or dictators. The Russian people remained true to their Slavic identity and worked to make their nation thrive on a territory far larger than all of Canada, populated with over one hundred different nationalities.

Most will agree with the religious fervour of this nation; its strong attachment to millennium-old Orthodox traditions, that neither invaders nor its own leaders were able to eradicate. We find it everywhere we visit and it is going strong at a time when most occidental countries witness a decline in Christian births. We see this fervour transpiring wherever we look; in the churches and monasteries being restored, in the number of visitors in religious sites, and even in cemeteries where the memory of family and ancestors is so well kept alive. Is this the same fervour that feeds their attachment and oft-contradicting negligence to the nature that surrounds them? What is this charming laissez-faire around the homes, the datchas, seen also in many small city streets? I believe that what my Western upbringing mistook for negligence is in fact a very deeply rooted respect for God's creation; for when you respect nature, you also respect yourself.

After several years and several trips to Russia I finally decoded the fundamental attachment of Russians for the creative values that shape the spirit and the soul. It is quite obvious for them, that the symbol of any achievement, that which you might be judged on, is not so much what you possess, but what you create, since money other than that of the church or the state is mostly viewed as suspect. What they respect the most is what you bring of yourself to the world and so much the better if it serves the good of all; this is a far cry from dominating capitalist values of always more possessions. I suspect this unique trait of their character is a direct consequence of having to defend, over and over again, their country, language and religion, from invading neighbours, almost non-stop for well over a thousand years. One needs solid beliefs and strong character to subsist for so long against such odds and still hold a total confidence in the power of their tightly woven nation. As historical facts can attest, it is their attachment to the nation, their submission to authority, not the richness of a privileged few, that carried them across so many enduring times to the great nation Russia is now today.

Having leafed through my modest writings and photographic contribution, the reader will surely view under a new light the literary works of a Dostoyevsky, Pasternak, Gogol or Bulgakov, or the grand bronze sculptures of a Pototsky or a Tsereteli. For now then, why not follow me on my Orthodox Russia peregrinations? I am sure you will be charmed.

Andre Beriault Photographer and Author

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  • Format: 12" x 12"
  • Pages: 252
  • Photos: 300
  • Paper: Glossy


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  • Страницы: 149
  • Фотографии: 200
  • Бумага: Glossy


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